Constat :
- C’est moche
- C’est lent
- C’est mal écrit
- Ca marche
Pourquoi tant de succès pour ce degré zéro de la créativité web ?
Et bien, marketing viral oblige :
- fonctionnalité réseau “communauté d’amis”
- liste d’artistes favoris
- …
Mais aussi MySpace bénéficie du relai de grandes maison de prod, qui ont (enfin) compris que les mélomanes ont aussi un cerveau entre les deux oreilles, et préfèrent légitimement entendre avant d’acheter. Ils apprécient aussi de découvrir en toute liberté, ce qui change de la bonne vieille époque des 30 secondes d’écoute sous un casque dégueulasse (quand il marche) dans un rayon surchauffé de la fnac.
Interlude : marrons-nous avec le “myspace movie” …
Entondons-nous bien, je ne blâme pas les artistes faisant le choix de la facilité pour se promouvoir grâce au net (car je les aime les artistes), surtout lorsqu’ils sont modestes. En général on crée une page sur cette plateforme parce qu’on ne veut pas se poser trop de questions, ou parce que ça fait faire des économies d’édition web du côté grandes majors musicales. Je critique essentiellement deux dimensions :
- Ces espaces ne sont pas des univers : ce sont des aplats grossier reprenant des codes vaguement homepage, fourres-tout négligeant toutes les règles de base de l’usabilité ergonomique. La grande majorité des ces pages dites “personnelles” étant passablement travaillées en terme de créativité, elles se ressemblent toutes (on s’attend à y trouver une liste d’amis, un calendrier, une mini-bio…) et on passe d’un profil à un autre sans grande surprise. C’est pas tout à fait l’honneur de ce qu’on appelle “un artiste”, dont la qualité première est quand même d’offrir un style, si possible innovant. En bref, un beau contenu (musical en l’occurrence) mérite un écrin à la hauteur.
- Plus techniquement parlant, MySpace ne respecte rien : on dirait que plus c’est moche, mieux c’est, mais on comprend mieux aussi quand on voit que c’est codé avec les pieds, sans aucun respect des standards favorisant l’accessibilité. Le lecteur flash est long comme un semi-remorque au démarrage, alors ne parlons même pas de l’abus outrancier par certains éditeurs d’animations slide gallery et autres joyeusetés démultipliées. Parfois on ouvre un profil/page myspace contenant une dizaine d’animations embarquées… au tableau des pollueurs de bande-passante, on tient là un sacré candidat. Sur le plan éditorial, le tutoiement systématique de l’internaute dans les titres de fonctions courants me paraît digne de skyblog (dont on se doute ce que j’en pense), et si – encore une fois – je peux comprendre le positionnement éditorial sous-jacent, ça me semble loin d’être approprié à un support de promotion pour la musique. Enfin, quan on voit la disparité ergonomique et esthétique entre simplement l’agenda natif des profils myspace, la fausse “galerie photo”, leurs blogs, et leur page principale… j’ai parfois un doute sur la véracité des 20 ans du web tant je sens les bretelles de mon modems tirées en arrière vers les années 90 !
Tout ce qu’apporte myspace, c’est d’envoyer un peu de tout en une seule page. Et il le fait mal.
Pourtant, les artistes ont tout interêt à préférer un site dédié : d’abord c’est pas difficile pour les plus geek d’entre eux, ils ont certainement quelques fans ou amis dans le quartier dont c’est la spécialité, ravis de donner un coup de main, et enfin parce que c’est aussi le boulot des majors pour les plus rentables. Mais surtout, le support est capital. Si les artistes ne font pas rêver avec leur site web, qui le fera ?
Voyons plutôt le site du Gotan Project, ou Keziah, ou encore – je prêche pour ma pomme – le site du BBK4tet
Différents, mais personnels.
Bon on peut toujours se rabattre, pour le moins, sur jamendo qui est un tantinet plus classe, plus transparent, plus éthique.
– Hé François, tu sais quoi ?
– Quoi ?
– J’ai mon myspace !
(source : ligne 4, vers châtelet mercredi dernier, 18h34, émanant d’un iphone)
C’est encore plus navrant lorsque vous sortez d’un excellent concert d’une jeune pousse de la chanson française (la vraie) et qu’elle répond à un spectateur pendant la session d’autographe :
– Oui, j’ai mon maïïspayce
…comme si elle avait un site, la mignonne.
Un site d’artiste, ce n’est pas un site d’information presse, ni une encyclopédie online ou la vitrine commerciale d’un constructeur de barbecue. Malheureusement certains sites pour barbecues sont mieux élaborés que pour certains artistes, sur le plan sensoriel. Un bon site d’artiste se doit d’être un site artistique, même si l’une de ses fonctions est aussi de faire vendre et d’informer sur l’actu du bonhomme. Un bon site d’artiste c’est la proposition d’une expérience utilisateur nouvelle, ou singulière : exemple par la démonstration, je ne suis pas un fanatique de flash mais même pour les sacs Vuitton on peut vous prendre la main toute une journée pour vous faire voyager.
Vide poche :
- La petite brochure des égarés sur myspace
- Parce qu’il faut savoir allumer des bougies quand on maudit les ténèbres : héberger sa musique plus sainement via Boxson, Dogmazic, Electrobel … et je l’ai déjà dit : jamendo
- On peut aussi uploader sa musique sur les plateformes dédiées vidéos, qui ne sont pas restreintes aux vidéos, et récupérer leur service sur son blog, son site vitrine…